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19 décembre 2013 4 19 /12 /décembre /2013 22:49
PAR JEAN-LAURENT TRUC - © Copyright 2013 — LIGNE CLAIRE

L’Epervier et de retour. Pour un troisième cycle qui enchaîne sur les quatre tomes de Plume au vent, André Juillard et Patrick Cothias relancent, sous le titre Les Sept Vies de l’Epervier, les aventures d’Ariane de Troïl. Quinze ans après, c’est le titre de ce nouvel album qui paraîtra le 10 janvier prochain chez Dargaud. André Juillard a reçu ligneclaire.info pour une rencontre sur ce retour très attendu. (Propos recueillis par Jean-Laurent TRUC).

André Juillard, quand nous nous étions vus il y a un an vous travailliez déjà sur Les Sept Vies de l’Epervier ?

Oui. J’ai un peu traîné au début. Nous avions une vraie envie commune pour cette reprise avec Patrick Cothias qui ne demandait que ça. Je n’avais pas écarté l’idée mais j’étais très pris par Blake et Mortimer, Lena ou Mezek. J’y pensais de temps en temps et voulais effectivement retrouver ces personnages.

André Juillard

André Juillard aimerait que Beau devienne un personnage principal (photo JLT DR)

Vous aviez abandonné vos héros à la fin du tome 4 de Plume au vent, Ni Dieu, ni diable. Ils venaient de revenir en France après leur escapade aux Amériques. L’album a paru en 2002. Ils ont vieilli ? Apparemment bien quand on regarde Ariane toujours aussi belle.

Pas trop en effet. C’est assez difficile de faire vieillir une femme. J’ai du mal graphiquement. J’ai essayé. Les hommes c’est beaucoup plus simple. Et puis il y a une vieille idée de Patrick qui pourrait amener Ariane jusqu’à Louis XVI mais c’est une autre histoire. Mais (rires) ils mènent une vie saine, en plein air. Cela conserve.

Ariane, dans Quinze ans après, veut retrouver comme elle dit « les graines qu’elle a semées ». Mais le parcours va être difficile.

La première mouture du scénario était un peu sage. On ne tremblait jamais vraiment pour les personnages.  Patrick a parfaitemen musclé finalement l’histoire. Il n’y avait pas de vrais méchants sauf Gaston d »Orléans, le frère du roi mais qui était trop impliqué dans la grande Histoire pour pouvoir s’en servir pleinement. Donc, il fallait un sale type et c’est le vicomte de Roquefeuille qui a un compte à régler avec Ariane. Il a une motivation forte, la vengeance.

Il fallait un épisode marquant ?

Tout à fait. Stevenson l’a écrit. Dans un roman l’apogée est atteinte au moment de la scène marquante. On s’y est mis ensemble avec Patrick. J’ai suggéré quelques pistes. Le lecteur doit avoir de l’empathie avec les personnages même ceux qui on des défaust. On doit s’y attacher. On a plus de distance avec quelqu’un qui n’est que vertueux.

Vous avez mis la barre haut car, sans vouloir dévoiler l’action qui monte graduellement en puissance, Ariane va cruellement souffrir et puis il y a la certitude que finalement elle est bien mère ?

Patrick Cothias avait déjà ouvert la voie dans son Ninon secrète. Ninon de Lenclos serait la fille d’Ariane et dans Quinze ans après elle est une jeune fille qui a été adoptée. N’oublions pas qu’Ariane aurait eu aussi un enfant avec le roi Louis XIII. Mais c’est pour le prochain album avec un voyage dans le Midi de la France.

Et une idée sur l’identité de cet autre enfant ?

Un fils qu’elle va rechercher. Patrick a une idée issue d’une autre de ses œuvres. Cel dit, c’est difficile de gérer des personnages historiques, vous savez. J’ai besoin d’y croire. Prenez la piste des séries de Cothias. Pour Ninon de Lenclos on ne sait pas si on la suivra plus tard.

Vous retrouvez la France. Cela vous a changé des grands espaces canadiens ? Bien que le décor de Quinze ans après soit très enneigé.

J’ai été très content de retrouver l’Europe. Je me suis bien documenté sur les auberges, un peu imaginé Paris mais me suis beaucoup inspiré du Mans qui est un modèle encore bien conservé de ville du XVIIe siècle.

Autre clin d’oeil, peut-être, après le titre Quinze ans après qui a un petit air de Dumas pour Vingt ans après, Ariane croise la route des Mousquetaires ?

Oui, ils ne font que passer mais cela nous a permis de mettre en valeur Beau qui est un personnage auquel je crois beaucoup. Il échange quelques mots avec Aramis. J’ai envie de faire de Beau, l’époux indien d’Ariane qu’elle aime vraiment, un homme des Lumières. Il arrive sans préjugés, d’une société différente. Ce sauvage comme on disait, ce qui n’a rien de péjoratif à l’époque, pourrait devenir un héros à part entière et faire un grand voyage en Europe.

André Juillard

Blake, Mortimer et Olrik reviendront dans un album qui se passe en 1944. (photo JLT DR)

Revenons à Ariane. Elle a  sa garde rapprochée. Beau bien sûr, Germain, son père. Elle est une femme d’action, en a vu de toutes les couleurs mais reste une femme ?

Ariane a un état d’esprit de femme qui croit a des valeurs. Elle est entourée d’anciens soudards à une époque terrible, d’hommes sans pitié, de Germain à Condor. Sans parler de Roquefeuille. Elle est aussi une victime de ce mépris masculin.

Vous préparez une suite à Quinze après. Mais il y a aussi Blake et Mortimer ?

J’en ai encore deux à faire. Le premier se passera avant Le Secret de l’Espadon pendant la seconde guerre mondiale en 1944. Une histoire d’espionnage. On eu le déclic avec Yves Sente en visitant à Londres le War cabinet de Churchill.

Olrik sera de la partie ?

Oui car Yves Sente en relisant Jacobs et l’Espadon a constaté que Blake, Mortimer et Olrik se connaissaient déjà. Cela va être passionnant pour les spécialistes. On saura aussi pourquoi ils habitent à Park Lane.

Vous avez enfin publié un très beau porte-folio très personnel ?

J’ai dessiné dans un carnet que je vais vous montrer des dessins inspirés par le site antique d’Agrigente en Sicile. C’est un cadeau que j’ai fait à mon épouse. Alain Beaulet en a tiré un porte-folio que j’aime bien. Dernier point, j’exposerai en janvier à Paris à la Galerie 9e Art.

Juillard dessin Epervier

Ariane pour ligneclaire.info (Juillard DR)

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22 mars 2013 5 22 /03 /mars /2013 01:02

 

En préparation du Salon du livre 2013, André Juillard, emmène l'équipe de MyBOOX dans sa librairie fétiche, la Librairie Royaumes  42 r Tolbiac à Paris 13 , pour nous parler de Blake et Mortimer, dont il a repris, avec Yves Sente, les aventures en 2000, mais également de ses projets.

Une vidéo à découvrir en attendant de retrouver André Juillard au Salon du Livre de Paris le dimanche 24 mars de 16h à 19h pour une séance de dédicaces exceptionelle sur le stand des éditions Dargaud. 

 

© MyBOOX.fr - www.myboox.fr

 

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20 novembre 2012 2 20 /11 /novembre /2012 00:54

 

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Heavens! Le nouveau Blake et Mortimer demeure l’aventure la plus attendue de l’année et Le Serment des cinq Lords ne déçoit pas.

 

L’album ravit par son élégance jacobsienne proche de La Marque jaune. Le suspense palpite à la manière des Dix petits nègres d’Agatha Christie. Yves Sente et André Juillard ramènent les héros au bercail, sous le crachin anglais d’Oxford et de Londres. Le scénario confère à Blake une nouvelle dimension historique, faisant du capitaine un acteur malgré lui du destin brisé de Lawrence d’Arabie. Sortis de la spirale des vols et des meurtres à répétition, les deux auteurs ont accepté de témoigner des coulisses de ce thriller nostalgique chez Ophyse Chaussette, au Sablon, à cent mètres à peine de la maison natale d’Edgar P. Jacobs, le créateur des célèbres personnages.


L’histoire de ce nouvel album s’est dessinée quasiment en direct dans Le Soir ces six derniers mois. Le découpage en strips a mis en évidence ce sens prodigieux du suspense, que l’on croyait perdu depuis la fin du journal Tintin dans lequel Blake et Mortimer sont nés. La prépublication dans le journal a influencé votre écriture?


Yves : Un Blake et Mortimer bien fait doit être comme les Tintin de la grande époque des histoires à suivre. Il faut des éléments de suspense dans chaque case. Il doit toujours se passer quelque chose. La publication en strips dans Le Soir a mis cette dimension oubliée en évidence.


André : Yves n’a pas l’habitude de se laisser aller dans ses scénarios. Tout se tient. Quand j’ai su au mois de janvier que Le Serment des cinq Lords serait prépublié dans le journal belge Le Soir, je n’avais pas terminé l’album. Je suis devenu très attentif à la chute de chaque strip pour qu’elle soit toujours nourrissante. Sans compromettre la cohérence du récit, je me suis surpris à rajouter des détails. Cette aventure a été un excellent moteur pour ma créativité.


 

Depuis la reprise des aventures de Blake et Mortimer après la mort de leur créateur, Edgar P. Jacobs, vous avez signé ensemble cinq albums. Malgré les terribles défis graphiques et narratifs de cette série, vous la retrouvez toujours avec le même plaisir ?


André : Je vous avoue qu’à chaque fois qu’on se rencontre, on ne peut jamais s’empêcher de penser à l’aventure qui suit. Ca reste toujours aussi excitant. Pour se renouveler, on avait décidé de se passer d’Olrik car cela devenait épuisant de devoir le faire apparaître à chaque fois. Il faut un peu le préserver. Je pense que s’il revient, il faudra qu’il soit mû par une puissante motivation comme celle de ne plus se faire avoir par Blake et Mortimer. Il devrait enfin triompher de quelque chose.


Yves : Sur cette histoire, je me souviens que tout est parti du fait qu’André voulait un récit plus anglais.

 

André : Non ! Non ! C’est toi qui imaginait un huis clos dans l’appartement de Blake et Mortimer, à Londres, mais je n’ai pas la talent de metteur en scène d’Alfred Hitchcock et surtout, cet appartement de Park Lane ne correspond à rien dans la réalité. J’ai été voir ce qui se cache derrière la façade dont Jacobs s’est inspiré et la topographie des lieux est tout à fait fantaisiste. Du coup, cela devenait très compliqué d’être cohérent dans les déplacements à l’intérieur de l’appartement. C’était trop risqué.


Yves : L’appartement de Londres avait aussi l’inconvénient de trop rappeler l’album mythique de La Marque jaune. Je me suis alors intéressé à Oxford et Cambridge, deux autres symboles de l’Angleterre éternelle et j’ai découvert que Lawrence d’Arabie avait étudié à Oxford. Il avait comme Blake été espion et comme Mortimer archéologue. Je me suis penché sur les zones d’ombre de sa vie et c’était parti ! J’ai retenu deux éléments troublants : la perte du manuscrit de son autobiographie, Les Sept piliers de la sagesse, et les circonstances de sa mort qui n’ont jamais été totalement élucidées. Il y avait là de quoi intéresser Blake et Mortimer… Ensuite, je me suis arranger pour rendre tout cela crédible.


 

La bande dessinée est en crise mais le succès de Blake et Mortimer ne faiblit pas. Comment expliquez-vous ce phénomène?

 
André :
Ce n’est pas dû à nos talents respectifs mais aux personnages eux-mêmes. Quand on me demande ce que je fais dans la vie, je réponds que je suis auteur de BD. On me demande qui sont mes héros. Je parle des 7 Vies de l’Epervier ou du Cahier bleu et ça ne dit rien à personne. Quand j’ajoute que je dessine aussi les nouveaux Blake et Mortimer, là, tout le monde me répond admiratif : «Ah ! C’est vous Blake et Mortimer !» Ces personnages font partie de l’histoire. Yves et moi en étions les premiers fans. On essaie juste de ne pas décevoir ceux qui partagent notre passion.


Yves: Blake et Mortimer font partie de ces héros que tout le monde connaît même quand on ne s’intéresse pas à la bande dessinée comme Tintin, Astérix, Spirou, Gaston, Lucky Luke, Boule et Bill. Nous sommes à leur service. Il faut respecter leur image et les souvenirs qu’ils ont accumulés tout en proposant au lecteur quelque chose de neuf…


A ce propos, on entend souvent dire qu’il y a plus de texte dans un strip de Blake et Mortimer que dans une page entière de la plupart des bandes dessinées actuelles. Ne serait-il pas de temps d’un peu moderniser la série ?

Yves : Jacobs voulait qu’il y ait beaucoup à lire dans ses albums pour que l’on s’en souvienne. Nous respectons cette tradition et ça fonctionne toujours très bien si l’on en croit le résultat des ventes. J’ajoute que les héros ont la quarantaine dans les années 1950. Si on les déplaçait au XXIe siècle sans changer leur apparence, ils auraient l’air d’en avoir soixante et ne pourraient plus être pris au sérieux ! Dans le monde actuel, un vieux professeur barbu comme Mortimer ne peut pas être un homme d’action…


André : On ne pourrait pas moderniser les personnages sans perdre leur identité. S’ils sortaient des années 1950, j’arrêterais de les dessiner. J’avais refusé de faire la suite des 3 Formules du professeur Sato après la mort de Jacobs, parce que je ne peux pas dessiner des Toyota ! C’est le côté mythologique de l’entreprise qui me motive. J’étais fan de Blake et Mortimer à dix ans et c’est cette atmosphère à laquelle la série est pour moi indéfectiblement attachée.


Vous avez des pistes pour le prochain ?


Yves : Je pense à une prequel pendant la Seconde Guerre mondiale, entre Londres et Gibraltar. Dans leur premier album, Le secret de l’Espadon, Blake et Mortimer  se retrouvaient. C’est donc qu’ils se connaissaient déjà. Mais où s’étaient-ils rencontrés? Il y a là quelque chose d’intéressant à creuser.


André : Nous avons découvert, à Londres, un endroit extraordinaire au cours des repérages pour Le serment des cinq Lords, un bunker souterrain dont l’univers ferait un décor extraordinaire pour le prochain épisode.


Le Serment des cinq Lords, Sente et Juillard, 64 p., 15,25 euros
Exposition de planches originales et de crayonnés à Bruxelles, chez Champaka, jusqu’au 2 décembre, et à Paris, chez Daniel Maghen, jusqu’au 1er décembre.

 

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18 novembre 2012 7 18 /11 /novembre /2012 01:30

 

RFI - émission "Vous m'en direz des nouvelles". Par Jean-François Cadet

   

Interview d'André Juillard et d'Yves Sente pour "Le Serment des Cinq Lords" 

  

Vous m'en direz des nouvelles - 15/11/2012 - 1ère partie
(19:30)

 

Suite de l'interview avec Yves Sente et André Juillard, Rodolphe et Alloin pour  "La marque Jacobs" aux éditions Delcourt.

 

Vous m'en direz des nouvelles - 15/11/2012 - 2ème partie
(26:31)

 

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11 avril 2012 3 11 /04 /avril /2012 08:49
Article parut le mardi 10 Avril 2012 dans le journal le soir.
Entretien Le nouvel album de Blake et Mortimer paraîtra en novembre 2012. « Le Soir » vous le propose dès aujourd'hui, au rythme d'un strip par jour, au fur et à mesure de sa création par le dessinateur français, André Juillard.
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André Juillard Photo : Le Soir/Alain Dewez

 

 

Le Soir remonte le temps avec Blake et Mortimer, jusqu'à cet Age d'or de la bande dessinée, où les aventures étaient créées jour après jour dans les journaux et les magazines. En 2004, le scénariste belge Yves Sente et le dessinateur français André Juillard avaient relevé le défi de dessiner des strips inédits des héros de Jacobs dans notre journal, en hommage aux cent ans de la naissance de leur créateur. Huit ans plus tard, ils nous offrent de suivre en « exclusivité mondiale » la naissance du prochain Blake et Mortimer, Le Serment des cinq Lords, au rythme d'un strip par jour.

Du journal Tintin au blog du Soir

Jacobs a créé les personnages du capitaine Blake et du professeur Mortimer en 1946, dans le journal Tintin, avec Le Secret de l'Espadon. L'auteur bruxellois a disparu en 1987, après avoir publié huit épisodes des exploits de ces héros cultes.

En 1996, le scénariste belge Jean Van Hamme et le dessinateur français Ted Benoît ont relancé la série avec L'Affaire Francis Blake. Un autre duo franco-belge, formé par Yves Sente et André Juillard, a pris la suite en signant La Machination Voronov en 1999.

Depuis, chaque nouveau titre de Blake et Mortimer se vend à plus de 500.000 exemplaires, un record pour la bande dessinée réaliste. Dès aujourd'hui (voir ci-dessus), Yves Sente et André Juillard nous offrent le privilège de découvrir chaque jour dans les pages Culture du Soir leur nouvelle aventure sous une forme inédite. En bonus de cette prépublication, une liseuse compilera chaque samedi l'intégrale des strips en version électronique sur Ketpaddle, notre blog BD.

blog.lesoir.be/ketpaddle

Six mois avant la parution de l'album, le dessinateur André Juillard est encore enchaîné à sa table à dessin. Il nous dit sa fougue et son plaisir de partager dès aujourd'hui avec les lecteurs du Soir cette expérience créative, que vous pourrez également découvrir sous un autre angle sur Ket Paddle, notre blog BD, dès samedi prochain (lire ci-contre).

 

 

André Juillard, d'où vous est venue cette envie de découper Blake et Mortimer en strips ?

J'envoyais mes pages à l'éditeur sous cette forme et ça me plaisait beaucoup de voir l'histoire découpée ainsi, comme à l'époque des feuilletons à suivre dans les journaux. Les aventures de Blake et Mortimer sont très nourries. La tradition veut qu'il y ait beaucoup de texte. Si j'avais plus de temps, j'aimerais un jour créer une histoire directement sous forme de strips comme à la grande époque des géants de la bande dessinée américaine, de Milton Caniff et de Terry et les Pirates.

Où en êtes-vous dans la création de ce nouvel album ?

Je dois avoir terminé le dessin de toutes les planches pour la fin du mois de juin. Actuellement, j'attaque la page 47. Il y en aura 62 au total. Vous pouvez donc rassurer vos lecteurs, j'ai 150 strips d'avance et je travaille de manière soutenue ! Je ne suis pas angoissé à l'idée d'être pris de vitesse par la prépublication. Je tiendrai les délais mais j'espère tout de même qu'ils ne lisent pas trop vite…

Vous travaillez toujours seul ?

Oui et c'est pour ça que je dois avoir de l'avance sur le journal. Quand Jacobs entamait un récit de Blake et Mortimer dans le journal Tintin, il avait aussi accumulé une petite réserve de planches avant la prépublication. Ce style de bande dessinée est trop fouillé pour pouvoir travailler autrement. Ou alors, il faut avoir à sa disposition tout un studio comme c'était le cas d'Hergé après la guerre… Moi, je fais tout tout seul, sauf les couleurs. Les strips en noir et blanc publiés dans Le Soir représentent l'étape ultime de mon travail.

Sans en dire trop sur la nature de l'intrigue, pouvez-vous nous en tracer les grandes lignes ?

L'histoire tient en un seul tome. C'est une énigme policière avec des vols et des meurtres. L'action se déroule à Oxford et sert de prétexte à revenir sur la jeunesse de Francis Blake pour comprendre comment il est devenu le brillant capitaine que l'on connaît. Il a fréquenté Thomas Edward Lawrence, qui deviendra archéologue puis espion sous le nom de Lawrence d'Arabie, avant d'écrire sa fameuse autobiographie des Piliers de la Sagesse.

Olrik n'apparaît pas dans cette histoire. Qu'en avez-vous fait ?

Il est en vacances. Il en avait bien besoin. Il était devenu encombrant. Pourquoi faut-il qu'il se retrouve toujours comme par hasard sur la route de Blake et Mortimer ? Il en devenait un peu ridicule à force d'échouer dans ses machinations. Il devrait un jour remporter ne fût-ce qu'une demi-victoire ! Il déborde d'idées pour faire le mal mais c'est un maladroit chronique. Cette fois, le capitaine Blake est confronté à un autre dangereux personnage que les lecteurs découvriront avant lui dans Le Soir.

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2 avril 2012 1 02 /04 /avril /2012 14:45

Casemate vient de publier sont HS N° 3 Mars 2012 consacré à Jean Giraud. Un des plus beau hommage que vient de réaliser ce magazine. De nombreux dessinateurs, auteurs et éditeurs racontent leurs anecdotes, l'ensemble est accompagné d'une série de dessins réalisé spécialement pour Casemate. André Juillard et François Avril y commentent leurs souvenirs.

 

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© Casemate

 

 

 

 

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© Casemate

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15 juillet 2011 5 15 /07 /juillet /2011 17:05

Voici un très bel article de 2 pages dans la rubrique "L'UNIVERS D'UN ECRIVAIN" du magazine Lire de Juillet et Aout, où André Juillard reçoit Julien Bisson accompagné du photographe Franck Courtès.

 

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© Julien Bisson / L'Express

 

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© Julien Bisson / L'Express

 

"Lire" N ° 3 9 7.  J u i l l e t / a o û t  2 0 1 1

 

Merci à Eddy pour l'information..

 

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24 juin 2011 5 24 /06 /juin /2011 16:46

Mezek couverture.jpg 

Si cela n’est déjà fait, nous ne saurions que trop vous conseiller la lecture de Mezek, la dernière bande dessinée de Yann et André Juillard dans la collection Signé des éditions du Lombard.

En effet, cet album est véritablement passionnant par les thèmes qu’il aborde mais aussi extrêmement convaincant par son extrême lisibilité, son découpage et la clarté de son dessin. Il renoue avec la grande tradition des bandes dessinées à la fois divertissantes et instructives qui évoquent l’Histoire avec un grand H tout en apportant du plaisir au lecteur.

D’un point de vue historique, Mezek nous plonge dans le contexte explosif de la naissance d’Israël en 1948, à la découverte de mercenaires étrangers payés par le jeune Etat pour combattre ses ennemis extérieurs - ses voisins arabes - mais aussi intérieurs - ses propres factions dissidentes - qui menacent sa subsistance.

L'album nous dévoile le quotidien de ces pilotes aguerris, les difficultés qu’ils rencontrent avec leurs avions (les Mezek, des Messerschmitt allemands transformés et particulièrement dangereux), leurs relations tendues avec leurs collègues (jeunes pilotes israéliens totalement inexpérimentés et pleins d'animosité) mais aussi leurs moments de joie et d'amour.

Cette bande dessinée est marquée par une extrême tension. Les acteurs de l’action, hommes et femmes, sont des êtres à vif, vivant dans l'instant, avec des motivations variées qu'il s'agisse d'argent, de convictions politiques, d'idéaux, de gout de l’aventure ou bien des raisons plus obscures.

Mais Mezek - et c’est là sa force - n’est pas seulement un récit de guerre, une évocation des débuts de l’aviation israélienne et des hommes et des femmes engagées dans ce conflit méconnu. C’est aussi, surtout et avant tout l’évocation réaliste et sombre d’une histoire humaine, celle de Bjorn, l’un de ces mercenaires internationaux dont Juillard et Yann vont nous dévoiler progressivement et avec grand talent les ressorts psychologiques à la fois tourmentés et ambigus.

A l’occasion de cette parution de haut vol, André Juillard nous a fait le plaisir de répondre à quelques questions sur cette bande dessinée mais aussi sur l’évolution de son trait, la suite de sa carrière, son amour du dessin... A découvrir ci-dessous.

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Mezek, naissance d’une bande dessinée, carnet des croquis d'André Juillard pour cet album


KLI : Comment est né ce projet avec Yann ?

André Juillard : Yann avait cette histoire en tête depuis plus d'une quinzaine d'années mais personne n'en voulait. J'ai découvert dans une revue de bande dessinée une interview dans laquelle il évoquait les scénarios qu'il avait dans ses tiroirs et qui ne trouvaient pas preneur. Et celui-là, tout particulierement, m'a tapé dans l'oeil. Je trouvais dans le tout petit pitch qu'il avait fait qu'il y avait vraiment plein de possibilités : d'abord, cette guerre en Israël en 1948, un sujet déjà assez mal connu, que personnellement je ne connaissais pas du tout, et puis surtout le destin de Bjorn, de ce personnage que je trouvais vraiment pathétique. Il se trouve que j'ai rencontré Yann quelques jours après avoir lu cette interview. Je lui ai dit que j'étais son homme s'il n'avait toujours pas de dessinateur pour ce récit. Il était assez content car c'est une histoire qui lui tenait vraiment à coeur.

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KLI : C'est la première fois que vous prenez rang auprès d'un scénariste pour une histoire ?

AJ : Oui. C'est la première fois que je propose à un scénariste de travailler avec moi. Yann a été patient car je lui avais dit qu'il faudrait attendre deux à trois ans avant que je puisse me consacrer à Mezek, le temps que je termine les albums sur lesquels j'étais déjà engagé. Lui-même aussi avait pas mal de travaux en cours.

KLI : Dès le départ, Mezek était conçu comme un album unique ?

AJ : Au tout début, on avait vaguement envisagé un double album mais, toujours à cause de mes obligations, j'avais dit à Yann préférer un album unique. Je trouve que c'est finalement pas plus mal car cela lui a permis de vraiment reserrer son sujet, de faire quelque chose de très dense.  Il est certain que des tas de pistes auraient pu être imaginées mais je trouve vraiment important de rester sur le personnage de Bjorn, de ne pas se disperser. Cela donne de la force au récit.

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KLI : Mezek n'est pas sans lien avec votre précédente bande dessinée, Léna et les 3 femmes. Il aurait d'ailleurs pu s'intituler Bjorn et les 3 femmes. Dans ces deux albums, il y a des ressorts qui touchent au terrorisme, à l'endoctrinement, à l'idéologie, la religion...

AJ : Ici, il ne s'agit plus de terrorisme. C'est un jeune pays qui tente de se défendre. Effectivement parmi les israéliens, il y avait quelques officines un peu terroristes comme l'Irgoun de Beguin ou bien le groupe Stern que je connais moins car il n'intervient pas dans cette histoire. Avec Mezek, le propos est ailleurs. Il y a vraiment une loupe, dans ce contexte historique très précis, sur un personnage. C'est ça qui m'a intéressé. Son destin, ses tourments. J'aime ce genre de personnage qui n'est pas bâti d'une seule pièce, qui n'est pas un véritable héros même s'il sait se montrer courageux à l'occasion. Par exemple, il n'est pas très courageux avec les femmes. Et puis il a ce lourd secret qui le hante.

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KLI : En dehors de la documentation nécessaire au dessin d’un tel album, est-ce que vous avez besoin de vous imprégner de l’ambiance de l'époque au travers de livres d’histoires, de documentaires... ?

AJ : Pour avoir un peu l'atmosphère du récit, j'ai regardé Exodus que je connaissais déjà. Même si cela se passe un peu avant, à l'époque où les anglais sont encore en Palestine, c'est très intéressant. J'ai également vu un autre film que m'a passé Yann et qui n'est pas trop connu, L'empreinte des Géants avec Kirk Douglas et Frank Sinatra. L’action du film se situe au tout début de cette guerre. On y voit bien qu’Israël était totalement démuni. Il y a par exemple une scène où Frank Sinatra bombarde une colonne blindée du haut d’un petit avion de tourisme en balançant des cocktails molotov !

KLI : Yann vous a bien documenté sur le sujet ?

AJ : Depuis qu'il porte cette histoire, Yann a amassé énormément de documentation. Il a lu énormément de livres, des mémoires de certains de ces mercenaires, de militaires israéliens... Il a donc enrichi sa trame de départ par énormément d’informations. On peut dire qu’il était vraiment blindé de toute part quand je lui ai fait part de mon souhait de dessiner cette aventure. Il m’a donc passé l'ensemble de ces éléments. Pour ce qui me manquait, par exemple des précisions sur les avions, j’ai cherché des compléments mais ce n’est vraiment pas compliqué aujourd’hui avec internet.

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KLI : La nouveauté pour vous dans cet album, d’un point de vue graphique, c’est la représentation des combats aériens. Comment avez-vous relevé ce défi ? En faisant fi de réalisme pour dégager de belles compositions ?

AJ : C’est un peu ce que je voulais. Si j’aime beaucoup le monde de l’aviation, je n’y connais pas grand-chose. Je ne sais pas du tout comment se déroulait un combat aérien. J’ai juste une vague idée au travers de ce que j'ai pu en voir dans des films. Mais j’ai essayé que cela reste relativement logique.

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KLI : Vos scènes de combats aériens sont visuellement des moments très forts. Comme des ballets aériens. Une forme d’esthétique du combat aérien ?

AJ : Oui. Cela tient à la mise en scène d’avions. Si j’ai utilisé des maquettes pour trouver les bons angles de représentation, mon souci n’était pas d’être dans le strict réalisme pour ces scènes aériennes. Si on me cherche des noises sur le dessin des avions, je pourrais dire que j’ai utilisé telle ou telle documentation mais pour le reste, je veux bien croire que je n’ai pas mis tous les rivets là où il fallait. Je n’ai pas non plus jugé utile de représenter fidèlement la façon de combattre. Les avions sont peut-être trop proches les uns des autres. Mais cela me semblait nécessaire de réduire ainsi les distances pour exprimer la réalité du combat. J’ai aussi voulu montrer le paysage. Qu’on sente la présence de la terre me semblait essentiel pour donner de la profondeur. C’est pourquoi les combats ne se déroulent pas à 4000 mètres d’altitude. Je n’avais pas non plus le temps d’expliquer comment cela se passait avec les formations de combat, les poursuites... De toute façon, je n’avais pas le temps. Un combat aérien, cela dure une page dans cette histoire. Et puis Mezek n’est pas un ouvrage documentaire sur l’aviation.

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KLI : Avec le Mezek, vous représentez un avion difficile à piloter.

AJ : En fait, le Mezek n’était pas si difficile à piloter une fois en l’air. Il a d’ailleurs fait quelques dégâts dans les formations ennemies qui étaient pourtant équipées de Spitfire, un avion nettement supérieur. Les Mezek étaient surtout redoutablement dangereux à l’atterrissage. Yann m’a dit qu’il y avait eu finalement plus de victimes d’accidents avec cet avion que dans les combats aériens. On le voit bien avec le commandant de la base, un héros de cette guerre qui a vraiment existé et qui meurt bêtement en faisant un cheval de bois.

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KLI : Si je vous dis que votre trait est très classique presque académique pour cet album, êtes-vous d’accord ? Il me semble à mi-chemin du dessin de Plume au vents et de celui de Blake et Mortimer. Il y a moins la raideur qu'on retrouve dans Blake et Mortimer et un peu plus de la sensualité de Plume au vents ou des 7 vies de l'épervier.

AJ : Tout à fait. De toute façon, je ne peux pas renier ma formation académique, très classique. Mes premiers dessins étaient copiés de statues grecques. Donc c’est vraiment le pur académisme, un réalisme classique que j'aime beaucoup. Néanmoins, si c’était à refaire aujourd’hui, je choisirais certainement un style plus enlevé.

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KLI : Vous évoquez l’encrage dans le carnet de croquis de Mezek comme une vraie contrainte. Pourquoi ne pas vous affranchir de cette étape et explorer d’autres voies comme d’autres dessinateurs ont pu le faire ?

AJ : Je suis bien d’accord avec vous. Il faudrait que je trouve – et ce que je cherche actuellement – une moyenne entre le croquis et le trait définitif. Mais je ne pense pas qu’on puisse faire une bande dessinée juste en croquis. Personnellement, cela ne m’intéresserait pas. Le croquis, c’est le pur dessin. Je sais que les gens apprécient mes croquis mais je ne tiens pas à ce que cela arrête la lecture d’une bande dessinée, que le lecteur s’interrompe en se disant "quel joli croquis ".

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KLI : Ils sont quand même très aboutis vos croquis.

AJ : C’est vrai. Mais d'un autre côté, même si c'est contraignant, j’aime aussi cette phase de l’encrage. Sauf que je n’arrive pas à lui donner plus de vigueur. Mais je ne désespère pas. Il faudrait que je renouvèle toute ma façon de travailler, que j’arrête par exemple la couleur directe car elle nécessite un papier qui n’a pas souffert de gommages très importants, de retouches à la gouache, de grattages… C’est pour cela que je suis un peu crispé quand j’encre. Si je me plante, il faut que je recommence.

KLI : Quand on se penche sur vos croquis pour Mezek, on se dit que vous pourriez expérimenter une bande dessinée avec un style plus laché, un peu comme comme Enki Bilal le fait actuellement ?

AJ : Pourquoi pas ? Il faudrait que j’essaye. Lui-même me le dit souvent : " pourquoi tu ne t’arrêtes pas là ? ". Il faudrait que je prenne un jour la décision.

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KLI : Par rapport à la ligne claire, est-ce qu’on peut dire que la reprise de Blake et Mortimer a contrarié une évolution naturelle de votre dessin ?

AJ : C’est possible. Il est probable que le travail sur Blake et Mortimer m’ait un peu raidi au niveau de l’encrage. En essayant de faire de la pure ligne claire, il se peut que j’ai perdu un peu de souplesse.

KLI : Fondamentalement, vous n'êtes pas un dessinateur purement ligne claire.

AJ : Au départ, j’ai cherché à développer un style entre Jean Giraud et Edgar P. Jacobs. C’est un peu plus réaliste que Jacobs mais moins fouillé, moins travaillé que ce que pouvait faire Giraud dans Blueberry. C’était mon intention.

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KLI : Comprenez-vous que certains puissent affectionner tout particulièrement votre dessin des derniers volumes des 7 vies de l'épervier ou de Plume aux Vents, un trait qui dégageait une énergie, une personnalité qui s’est un peu perdue dans vos albums depuis la reprise de Blake et Mortimer mais qu’on retrouve par contre avec bonheur dans vos carnets de croquis ?

AJ : C’est aussi mon cas. Quand je revois effectivement les derniers volumes des 7 vies de l’épervier, je trouve que je n’ai pas progressé depuis. Mais je me dis que c’est inévitable aussi. J’ai observé chez nos glorieux ainés qu’il s’agisse de Hergé, Franquin, Jacobs, Martin, qu’ils ont tous eu un moment où leur styles respectifs étaient à leur apogée et qu’après, il y a eu quelque chose qui s’est perdu. Franquin par exemple qui développait une souplesse formidable, une simplicité, est venu compliquer son dessin avec des petites hachures. Dans ses derniers albums, Hergé s’est mis à faire des gros plans. Jacobs, c’est encore autre chose. Il a sans cesse évolué, toujours en train de changer de style, pas toujours très bien à mon goût. Au final, je me dis que je pourrais en dire autant.

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KLI : Quels sont vos rapports avec ligne claire ?

AJ : C’est une vraie admiration. Quelque chose qui tient à l’enfance aussi, à mes lectures de jeunesse. Pour une raison que j’ignore, mes parents avaient accepté de me laisser lire le journal de Tintin mais pas Spirou. Peut-être trouvaient-ils ce dernier un peu vulgaire ? Je me souviens du plaisir que j’éprouvais, chaque jeudi, à aller acheter mon journal Tintin. Mais j'aimais autant Spirou. J’avais un copain qui lisait le journal de Marcinelle et qui avait beaucoup d’albums Dupuis. Je me régalais de lire tout cela chez lui. De mon côté, j’avais très peu d’albums. Deux ou trois Tintin pas plus. Et puis je lisais tout ce qui me tombait sous la main. Je me souviens des pockets, Tex-Tone, Buck John… Il y en avait des flopées.

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KLI : Est-ce qu'il vous arrive de compulser des albums ligne claire pour trouver des idées, d'ouvrir par exemple des Tintin pour vous inspirer ?

AJ : Pas trop. Tintin, chaque fois que je rentre dedans, je le lis. Je me souviens qu’à la lecture de la biographie d’Hergé par Pierre Assouline, chaque fois qu’il évoquait un album, j’éprouvais le besoin urgent de le relire. J’ai tout relu comme cela. C’est toujours un très grand plaisir.

KLI : J'imagine que vous devez être un adepte des Chronologies d’une œuvre de Philippe Goddin ?

AJ : Oui. Bien sur. C'est vraiment formidable. J’affectionne vraiment les beaux livres sur les illustrateurs, les dessinateurs qu’ils soient français, anglais, américains… J'aime par dessus tout le dessin. Il faut dire qu'à titre personnel, je n’ai jamais touché un pinceau. Ma base a toujours été le dessin. Même si j'apprécie la peinture, je n’ai jamais été tenté par sa pratique. A mes débuts, j’avais l’impression peut-être pas bonne que tout avait été fait en peinture et qu’il n’y avait pas de voies nouvelles à explorer. Je ne voyais pas comment apporter quelque chose à l’histoire de l’Art en peinture ou même en dessin réaliste. D’où le choix de la bande dessinée où tout est permis y compris d’être passéiste. C’est pour moi le moyen d’expression parfait.

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KLI : Vous êtes également un collectionneur d’originaux.

AJ : Effectivement. Par exemple, en ligne claire, j’ai quelques Mac Manus que j’aime vraiment beaucoup. J’ai aussi des Herriman. C’est un autre style. J’aprrécie énormément ces dessinateurs du début du siècle dernier aux Etats-Unis. J’affectionne aussi Winston Mac Cay dont je n’ai malheureusement pas d’original. Quand je suis renté dans ce métier, j’admirais tout particulièrement Harold Foster et son Prince Vaillant. Je trouve qu’il y a deux choses qu’il maîtrise admirablement. Tout d'abord, sa façon de dessiner les drapés avec un travail de pinceau absolument magnifique. Ensuite ses paysages. C’est un très grand paysagiste. Dans le même temps, j’apprécie quelqu’un comme Milton Caniff, un virtuose du noir et blanc, une technique qui m’est un peu étrangère. Ses planches sont splendides avec une vigueur formidable. Je suis finalement un amateur de styles variés.

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KLI : Vous avez apporté une petite contribution graphique au dernier carnet de Moebius. C’est une forme d'écriture automatique qui est surprenante. N’avez-vous jamais été tenté par cette spontanéité dans l'expression graphique ?

AJ : Ma participation au dernier Carnet du Major est vraiment minuscule ! Chaque fois que je découvre un carnet de Moebius, je suis bluffé. Cela reste l’auteur qui m’épate depuis toujours et qui continue encore aujourd’hui. Il est vraiment extraordinaire. Je suis très tenté par son approche consistant à prendre un carnet et à partir à l’aventure. Je trouve cela génial mais je me dis que je ne pourrais pas le faire. Lui, il dessine quasiment 24 heures sur 24. Moi je ne peux pas et je n’ai pas assez de temps. J’adorerais avoir une année sabbatique et faire des choses comme cela. Et puis j’ai certainement un côté un peu encombré de logique. Je n’ai pas l’esprit de fantaisie que peut avoir Moebius. Je planche quand même sur un carnet de croquis depuis 4-5 ans dans lequel j’essaye d’aborder un même thème par des successions d’illustrations sans suites. Je vais bientôt le terminer. Mais cela reste du dessin, toujours un peu rationnel, toujours assez académique. Il faudra que je le montre à un éditeur.

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KLI : Vous êtes membre du Crayon qui regroupe bon nombre de dessinateurs ligne claire… Est-ce que la proximité avec des artistes comme François Avril, Serge Clerc, Ted Benoit vous influence ?

AJ : Pas du tout. Vous savez, le Crayon est avant tout une amicale de dessinateurs et d’illustrateurs, une assemblée de copains qui déjeunent ensemble tous les deux ou trois mois. On parle de tout et de n’importe quoi et pas forcément de dessin !

KLI : Votre programme pour les prochains mois semble déjà bien chargé ?

AJ : Oui. Il va me laisser peu de temps pour me consacrer à mes propres histoires. L’envie commence pourtant à me travailler. Mais je suis déjà bien engagé avec un nouveau Blake et Mortimer avec Yves Sente et un nouveau Léna avec Pierre Christin. Quand je m’engage avec quelqu’un, je ne sais pas faire défaut. C’est une qualité mais peut-être aussi un défaut par rapport à mes propres aspirations.

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KLI : Comment voyez-vous vos prochaines années de création ?

AJ : J'aime bien les one-shots comme Mezek. J'envisage la fin de ma carrière un peu comme cela en travaillant sur des récits uniques. Je n’ai plus trop envie de partir dans des séries au long cours. Cela n'a pas de sens. Je ne sais pas si je pourrais aller au bout. Ou bien une mini série à la rigueur. C'est ce que je fais avec Léna. Pourquoi pas aussi réaborder certaines séries. Je reviendrais volontiers à Plume aux Vents, au personnage d’Ariane et au petit monde qui tourne autour. J'ai aussi l'envie de creuser une veine plus humoristique mais je ne sais si je saurais faire.

Planches, croquis et illustrations copyright Juillard, Yann et Le Lombard

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28 mai 2011 6 28 /05 /mai /2011 16:46

André Juillard a accordé un entretien au magazine flamand Stripgids pour son n° 24 d'avril 2011.  Cet excellent magazine est édité par l'association qui organise Strip Turnhout, le plus ancien  et le plus imporant festival BD de Flandre.  

Article publiés sur le blog Blake, Jacobs et Mortimer le vendredi 13 mai 2011  avec l'accord du journaliste Roel Daenen

 Un grand merci a laurent de m'avoir permis de relayé cette superbe interview.

 

L'interview a été réalisée à l'occasion de la Foire du Livre de Bruxelles, sur le stand de Champaka qui proposait des planches originales des plus grands artistes comme Winsor McKay, Hergé, Herriman, Guarnido, Loustal et donc Juillard.

 

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Roel Daenen présente tout d'abord Juillard comme l'un des grands maîtres de la bande dessinée française contemporaine, l'un des représentants les plus éminents du style Ligne Claire et donc l'héritier des fondateurs de ce style, Hergé et Jacobs. Juillard est notamment loué et respecté pour sa contribution à la série Blake et Mortimer.

 

A l’époque, E.P. Jacobs vous avait demandé de terminer le deuxième tome des trois formules du professeur Sato”. Vous aviez refusé. Pourquoi ?

Ce n’était qu’une première proposition. J’ai décliné l’offre parce que… (il réfléchit et pèse ses mots)… je n’aimais pas le scénario, l’histoire ne me séduisait pas. Pour moi, Blake et Mortimer sont des personnages d’une série qui se déroule pendant les années 50. Ça se voit à tout : l’esthétique, les tenues, les décors... Et là ce n’était pas “mes” Blake et Mortimer. Dans cette histoire, ils étaient loin des personnages que j’adorais quand j’étais enfant. Mais c’était un honneur, bien sûr. Se voir proposer de reprendre Blake et Mortimer, ce n'était pas mal du tout. D'un autre côté, je n’étais pas certain d'être capable de le faire. A l’époque, j’étais beaucoup plus jeune et je me suis posé la question de savoir si j’étais capable de reprendre la série au même niveau que Jacobs. Parce qu'il ne faut pas le faire si on n’atteint pas la même qualité. Alors j’ai refusé et j’ai oublié le projet.

 

Après une question sur la naissance de L’Aventure immobile

Blake et Mortimer font partie de ma jeunesse – c’était les années 50. La série faisait partie, d’une manière essentielle, de ma relation avec la BD. Une relation que je chéris toujours. Graphiquement, La Marque jaune est une des meilleures BD qui aient été publiées. Dans cette aventure Jacobs s’est vraiment surpassé. J’adore aussi le scénario de S.O.S. Météores. L’ambiance de cette histoire est superbe : il pleut, il neige, il y a du brouillard... Jacobs était très fort dans l'utilisation des couleurs, la couleur était un élément narratif supplémentaire. Il avait aussi le sens de la théâtralité. Ce n’est pas étonnant, vu sa formation et sa carrière de chanteur d’opéra. Cela se voit dans les poses de ses personnages, dans leur langage…

 

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Les aventures de Jacobs se déroulent pendant les années 50, pendant la guerre froide. C’était son propre temps, mais pour vous et Yves Sente, ce n’est plus le cas. Je suppose qu’il s’agit d’un choix délibéré ?

Oui, vous avez raison. Mais, pour être exact, L’Affaire du Collier et Les Trois formules du professeur Sato se déroulent beaucoup plus tard. Donc, à cet égard, nous ne travaillons plus dans l’esprit de Jacobs. Mais pour moi, il est impossible de situer les aventures de Blake et Mortimer en 2011. Nous n’avons aucune idée de ce que Jacobs penserait de notre approche… S'il était toujours vivant, il aurait peut-être considéré ça comme un manque de courage… parce que nous nous sommes réfugiés dans le passé, que nous privons ses personnages de la confrontation avec notre époque. Je ne peux qu’invoquer le fait que, graphiquement, ces personnages ont leur place dans les années 50-60. Pour moi, il est impensable de transposer Blake et Mortimer à notre époque. En tout cas, je n’en suis pas capable et cela ne m’intéresse pas non plus. Si on me demandait de le faire… j’arrêterais de collaborer à la série. Je me suis livré coeur et âme à ce qu’on appelle la “BD historique”. Au début de ma carrière, je situais mes histoires dans le passé et j’essayais de me documenter, aussi bien que possible, sur les aspects de la période concernée. Avec Blake et Mortimer, je continue ce travail. Je fais des recherches sur les vêtements qui étaient portés, sur les véhicules, les villes… ces choses là.

 

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Dans La Machination Voronov, vous faites référence explicitement à l’album de Tintin Le Sceptre d’Ottokar. Pourquoi ?

Il arrive que j’ajoute des clins d’oeil à mes dessins. J’adore et j’aime renvoyer à l’histoire riche de ce médium.

 

Ted Benoit, Bob De Moor… vous êtes l'un des quelques dessinateurs qui ont marché sur les traces de Jacobs. Jusqu’ici, vous avez dessiné quatre aventures de Blake et Mortimer. Êtes-vous satisfait de votre travail ?

Non… Je n’ai jamais été vraiment content de mon travail. Ce n’est pas de la fausse modestie ni une forme de coquetterie. J’ai toujours l’impression que mes dessins ne sont pas parfaits, que je peux faire mieux. Je vous donne un exemple : je n’ai jamais réussi à relire complètement une de mes BD. Deux pages, c’est tout. Au moment où un projet est terminé et qu’un autre s’annonce, on m’envoie l’album. J’essaie de relire l’histoire, mais c’est trop difficile. D’abord parce que je la connais par coeur (il sourit). Ensuite, et c’est plus fort que moi, dès que je commence ma lecture, je vois les petits défauts… (soupir). Cela trouble le rythme de la lecture et voilà, j’arrête. Cela m’arrive tout le temps. Mais je suis beaucoup moins sévère pour mes collègues, vous savez. A l’exception, peut-être,  de Bob De Moor. Son album, Les Trois formules du professeur Sato 2, n’était pas vraiment réussi. J’apprécie beaucoup son oeuvre, des séries comme Cori le moussaillon ou Barelli, mais ce qu’il a fait avec Blake et Mortimer n’était pas bien. Je ne suis pas au courant de tous les détails, mais on m’a dit que sa condition personnelle n’était pas au top et qu’il ne se sentait pas bien dans son rôle de repreneur. En outre, il devait travailler très vite, ce qui lui a joué des tours aussi. C’est dommage, parce que c'était un homme extraordinaire, avec un immense talent. Mais l’album n’était pas à la hauteur de son talent. Ted Benoit, en revanche, atteignait vraiment l’esprit de Blake et Mortimer.
  

Le Sanctuaire du Gondwana était votre dernière aventure de Blake et Mortimer. Est-ce qu’il y aura une suite ?

Bien sûr. Il y a déjà un nouveau projet, un nouvel album. Ce sera une histoire qui se déroulera au Royaume Uni. À Oxford, pour être plus précis. Si vous avez lu ce que Jacobs  a écrit sur ses personnages dans Un Opéra de papier, ses mémoires, vous savez que Blake a étudié à Oxford pendant quelques années (sourire). Alors, une fois de plus, nous remontons dans le temps. C’est une matière qui nous est tendue par Jacobs lui-même. Je dois dire que nous nous en amusons bien. C’est très agréable de se poser des questions sur chaque élément : “Maintenant, suppose que …”, “ Oui … et ensuite ? » Cela revient toujours à la question “Qu’est ce qui se passe si …? ” A ce moment là, nous sommes comme des enfants pour qui tout un monde se révèle. Provisoirement, l’histoire est intitulé “Oxford”, mais je suppose que le titre définitif sera plus Jacobsien, du genre Le Mystère de

 

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8 mai 2011 7 08 /05 /mai /2011 11:10
André Juillard & Yann ("Mezek") : "Israël se battant avec des Messerschmitt nazis, c'était un choc visuel »

 

André Juillard et Yann avaient déjà collaboré ensemble pour un Sales petits contes à la fin des années 1990. Avec Mezek, ils racontent un pan méconnu de la guerre d’indépendance de l’état d’Israël en 1948 : leurs pilotes, pour la plupart des mercenaires, étaient contraints de piloter des « Mezek », de vieux Messerschmitt brinquebalants.

 

 

André Juillard & Yann ("Mezek") : "Israël se battant avec des Messerschmitt nazis, c'était un choc visuel »
  Croquis de André Juillard - Courtesy  Champaka
(c) Juillard, Yann & Le Lombard.

Votre récit a pour cadre un pan de la création de l’état d’Israël, à la fin du mandat britannique sur la Palestine. Une période peu traitée en bande dessinée. Quel a été l’élément déclencheur de ce récit ?

Y : Un ami m’a raconté l’histoire d’un pilote allemand qui, après la Seconde Guerre mondiale, est parti en Israël afin de combattre pour l’indépendance de ce pays. Je me suis documenté sur le sujet. J’ai découvert qu’Israël avait acheté des Messerschmitt allemands qui combattaient des Spitfire anglais. Ces Messerschmitt portaient l’étoile de David sur les ailes. J’étais stupéfait. Ce fut un choc visuel de voir ces engins nazis qui servaient Israël.

La création de l’état d’Israël est une toile de fond. Mes découvertes m’ont permis d’élargir le sujet et d’aborder les rivalités entre les pays et les luttes entre les services secrets. Mais l’histoire s’articule surtout autour de ces pilotes mercenaires.

André Juillard, qu’est-ce qui vous touchait dans ce récit ?

AJ : Mezek est une histoire comme je les aime ! Les personnages sont complexes. Les femmes en particulier, et elles  ont de vrais rôles et de vrais caractères. Et puis, j’ai toujours été fasciné par les avions sans pour autant être un spécialiste du sujet. C’était graphiquement intéressant de les dessiner. J’ai également assouvi une vieille envie, une fascination d’enfant. J’allais voir les avions décoller de l’aéroport d’Orly dans les années 1950. Un de mes oncles servait dans l’armée de l’air. Il venait de temps en temps réaliser quelques cabrioles au dessus de notre maison.

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Dessin inédit réalisé pour l’exposition-vente chez Champaka (c) Juillard, Yann & Le Lombard.

Est-ce facile de dessiner des avions ?

AJ : Je me sens en confiance à partir du moment où j’ai à ma disposition une documentation sur le sujet. Je récolterai peut-être la critique de quelques érudits mais j’ai veillé à ce que ces avions ressemblent à ce qu’ils étaient.

Aviez-vous beaucoup de documentation visuelle sur les bases aériennes israéliennes ?

Y : Non, pas énormément. J’ai lu de nombreux livres sur ce sujet. Mais il s’agissait plutôt de biographies consacrées à d’anciens pilotes ou de livres écrits par des historiens. Nous avons vu aussi un film, L’Ombre des géants, avec Kirk Douglas et Yul Brynner. L’action se situe peu avant notre récit.

Ces Mezek étaient-ils vraiment en si piteux états ?

Y : Bien sûr, tout est réel ! C’étaient des gros veaux, des mules. C’est pour cette raison que la Tchécoslovaquie leur a vendu ces appareils. Israël a payé ces avions à prix d’or car ils en avaient besoin et ne pouvaient s’en procurer autrement. Ils ont fait appel à des pilotes étrangers pour les piloter. Pour la plupart, c’était des Juifs, des anciens de la R.A.F, de l’US Air Force, des pilotes canadiens, sud-africains, etc. J’ai même retrouvé la trace de mercenaires belges et indiens ! La Tchécoslovaquie s’est d’abord débarrassée des vieux Messerschmitt déglingués qui ont combattus les colonnes jordanienne et égyptienne dans des conditions épouvantables. Ils ont ensuite revendu les Spitfires qui étaient en meilleur état. Mais la situation était plus ou moins stabilisée pour les Israéliens.

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Extrait de "Mezek" (c) Juillard, Yann & Le Lombard.

Quels sont les points forts de Yann comparés aux autres scénaristes avec lesquels vous avez travaillé durant ces dernières années ?

AJ : Ils se documentent tous avant d’écrire la moindre ligne. Ils connaissent beaucoup mieux leurs sujets que moi-même, et cela se ressent dans leurs histoires. Ils savent romancer une intrigue, inventer des personnages forts, et éventuellement inclure des personnages historiques au récit sans que cela paraisse artificiel. J’aime me baser sur un contexte précis, qui m’oblige à rechercher une documentation. Souvent, mes scénaristes m’aident à trouver les bons livres. Contrairement à moi, Pierre Christin aime voyager. Il prend donc de nombreux clichés qu’il me fait parvenir. Yann, lui, est plus un homme du livre.

La plupart des récits que vous avez illustrés ces dernières années ont un trame géopolitique.

AJ : J’aime raconter des histoires qui ont du sens et qui évoquent un problème actuel, comme par exemple le terrorisme. La BD de pure aventure et de super-héros ne m’intéresse pas. Je dois ressentir le besoin de m’identifier aux personnages et d’avoir une certaine sympathie pour eux…

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Extrait de "Mezek" (c) Juillard, Yann & Le Lombard.

Il y a-t-il un genre que vous n’avez pas encore exploré et que vous rêveriez de dessiner ?

AJ : Je serais tenté, un jour, de dessiner une histoire franchement humoristique ! J’aimerais que l’on me propose un scénario bien dosé et qui soit, tout au long de l’album, drôle, ironique, parodique, et éventuellement burlesque. Souvent, ces récits manquent de souffle. Les scénaristes ont tendance à développer leurs idées en histoires courtes. Je souhaiterai plutôt dessiner un quarante-six planches, à la Gil Jourdan.

Quels sont vos projets ?

Y : Trouver une histoire humoristique pour André ! Et puis terminer les albums en cours. Je ne réalise plus vraiment de série. Je me sens aujourd’hui à mon aise dans le format des one-shots, des diptyques ou des triptyques.

AJ : Je viens de commencer un nouveau Blake & Mortimer. Cela va m’occuper pendant un an. Après, il est probable que je réalise un troisième et dernier Léna.

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Yann et André Juillard. (c) Nicolas Anspach

Lire l’acticle de Didier Pasamonik sur Mezek
Lire aussi : Mezek prend son envol à la galerie Champaka

"Mezek" fait l’objet d’une exposition-vente Juillard "Mezek" à la Galerie Champaka, du 29 avril au 22 mai 2011 (27, rue Ernest Allard, 1000 Bruxelles)

 

Images (c) A. Juillard, Yann & Le Lombard.
Interview & Photos (c) Nicolas Anspach

 

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