Ce blog (non officiel mais autorisé). Le seul objectif est de faire partager ma passion en mettant en avant l'oeuvre du dessinateur André Juillard, son actualité, ses travaux ou projet anciens et récents.
Janvier 2011. A l’occasion de la BRAFA, la Foire International de l’Art et de l’Antiquité de Bruxelles, la Galerie CHAMPAKA a dédié son espace à une double expo focalisée d’une part sur l’influence des grands maîtres de la BD US sur la bande dessinée européenne des années ’30 et ’50.
D’autre part, CHAMPAKA proposait aux visiteurs du salon de découvrir « Sept Bâtisseurs d’Univers ». Sept artistes majeurs du Neuvième Art, tous bâtisseurs d’univers et toujours en force de création.
Christian MISSIA a rencontré pour vous cinq de ces sept artistes mis à l’honneur par la galerie CHAMPAKA : Frank Pé, Juanjo Guarnido, André Juillard, Ever Meulen et François Schuiten.
Voiçi l'interview de André Juillard:
Bonjour André Juillard, est-ce la première fois que vous venez à la BRAFA ?
André Juillard : Oui, absolument. A vrai dire, avant cette année je ne connaissais pas l’existence de la BRAFA. Et je dois dire que je suis très impressionné par tout ce que l’on peut voir ici. C’est extraordinaire!
Vous avez surement eu l’occasion de visiter l’un ou l’autre stand. Il y en a-t-il qui vous a plus marqué que d’autres ?
André Juillard : C'est-à-dire que j’ai commencé - puisque j’avais rendez-vous dans ce stand consacré à la BD - J’ai commencé par la 1ère allée là. J’ai passé 15 minutes dans un premier stand ou l’on voyait des peintures flamandes du 17ème siècle. D’ailleurs, il y a encore beaucoup d’artistes que je ne connais pas. Après, il y a eu une galerie d’art contemporain. Moderne disons, qui était étonnamment riche. En somme, je suis impressionné ! De toute façon, j’espère avoir le temps de voir le reste ou une bonne partie de ce salon que je trouve exceptionnel. Je ne vois pas d’équivalent chez nous à Paris.
© Juillard / Graphivore
Vous participez à la thématique de CHAMPAKA et pour ce faire, vous avez réalisé une œuvre reprenant des héros de BD franco-belges tels que Blake & Mortimer, Gaston Lagaffe, Clifton, etc. Tout ce beau monde se retrouve au marché aux puces de la place du Jeu de Balle à Bruxelles. Pourquoi avez-vous réalisé cet œuvre ?
André Juillard : En fait, c’était un travail de commande réalisé pour le compte de la Ville de Bruxelles. C’était à l’occasion d’un anniversaire, les 20 ans de la Communauté Française de Belgique. Je devais représenter ce que m’évoquait Bruxelles. Et pour moi, en 1er lieu c’est la bande dessiné. C’est la patrie de la BD moderne. J’ai voulu rendre hommage à la BD de mon enfance. Celle qui m’avait faite. Je voulais rendre hommage à tous ces héros dont je lisais les aventures dans les journaux de Tintin et Spirou quand j’étais gamin.
Et par ailleurs, j’ai placé cette scène sur la place du Jeu de Balle parce qu’il y a une trentaine d’années, je venais à Bruxelles pour chercher de vieilles BD parce que j’étais collectionneur. Il y en a beaucoup que l’on ne trouvait plus. Je voulais lire tout ça et donc je venais avec mes amis pour voir ce que l’on pouvait trouver au marché aux puces.
Que pensez-vous du succès de la BD sur le marché de l’art ?
André Juillard : Moi, cela ne me choque pas.
Mais dans la mesure où tout est art, pourquoi la BD ne le serait pas ? On dit que c’est le 9ème art. Je trouve que les meilleurs artistes de BD sont largement au niveau des artistes des temps passés. J’ai vu certaines œuvres d’artistes des temps passés qui étaient à la limite de la médiocrité. Je dis cela de mon point de vu. Par exemple, tout ce qui été peint au 17ème siècle n’a pas à être considéré comme étant des chefs d’œuvres. Et il me semble que dans la BD, il y a une sorte de sélection de tout ce qui sort et elle ne palie pas par rapport à ce que l’on peut voir ailleurs.
En BD, comme dans tout, que ce soit en littérature. En peinture. En musique. Il y a le meilleur et il y a le pire. Et là c’est plutôt quand même du tout bon (rires).
Un grand merci à Sonia & J-Michel Vernet pour l'envoi de cette trés belle dédicace.
Exposez-vous souvent ?
André Juillard : Oui. Depuis très longtemps, en fait.
Au départ, c’était dans les librairies spécialisées. Puis, dans des musées. Dans des pays étrangers. Dans des instituts français, des choses comme ça. J’ai pas mal voyagé à une époque dans des lieux plus ou moins prestigieux. Mais il y a quand même de plus en plus de demandes pour des expositions. Et chaque fois que j’expose, j’essaie de faire quelque chose d’un petit peu pédagogique. C'est-à-dire, non seulement montrer le travail mais aussi montrer la préparation. Et je me suis aperçu que c’était assez intéressant pour le public et valorisant pour nous. Pour notre travail. Parce que, quelques fois, on a l’impression que le lecteur de BD imagine que la bande dessinée est réalisée à peu près dans le temps qu’il la lu. Mais quand il s’aperçoit qu’il y a un travail de préparation. De recherche et de documentations. De croquis préparatoires. Qu’une BD que nous aimons lire, dans le meilleur des cas, en une heure, qu’il aura fallu 350 jours pour la faire. Ca force un petit peu le respect du public. Non pas en ce qui concerne votre talent mais au moins, c’est du boulot, quoi.
Quels sont vos prochains projets ?
André Juillard : J’ai une exposition qui est prévu dans la même galerie, CHAMPAKA, situé près du Sablon, au mois d’avril. Qui tournera autour de ma prochaine BD, qui devrait sortir dans la même période au Lombard. Ce sera une histoire écrite par Yann intitulée « Mezek ». C’est une histoire d’aviateurs. De mercenaires qui ont combattu pendant la 1ère guerre d’Israël en 1948. C’est en fait le nom que donnaient les Tchèques aux avions Messerschmitt allemands qu’ils avaient récupéré après la guerre et qu’ils avaient plus ou moins transformé. Tellement mal transformé qu’ils étaient devenus extrêmement difficile à piloter. Et « mezek » signifie mule en tchèque.
Quand au projet suivant, ce sera un Blake & Mortimer.
©Graphivore
Interview © Graphivore-Christian Missia 2011
Photos © Christian Missia 2011
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